Description
« Quand il en avait besoin, il se tournait vers moi, me faisait un signe de la main, le bras tendu, il disait « après ? », je lui soufflais son texte à voix haute et il continuait (…). Ça s’était fait tout simplement, sans vraiment le décider. Jour après jour, pendant les répétitions, il s’était habitué à cette manière de jouer. Mais on n’en parlait pas. Il y avait entre nous comme un accord tacite. »
J’ai longtemps hésité avant d’écrire cette histoire. D’abord par égard pour lui, pour son goût du secret et du silence, pour sa pudeur, il me semblait plus juste et plus fidèle de ne pas en parler. Ensuite, parce que j’ai toujours pensé que tout n’a pas à être raconté.
Et puis dans un livre paru récemment, il parlait de son métier d’acteur, un métier qu’il qualifiait d’extravagant, avec lequel il s’était régalé. Il disait que la vie l’avait aidé à apprendre à jouer, et que jouer l’avait aidé à apprendre à vivre. Pour lui, l’acteur parfait, le modèle absolu, c’était Mastroianni, son partenaire dans plusieurs films.
Dans ce livre, il parlait aussi de sa mémoire qui s’en allait, de sa difficulté aujourd’hui à travailler, de la douleur de ne plus pouvoir jouer.
J’ai pensé que cet aveu me donnait la permission de raconter.
G. K.